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20 mai 2014 2 20 /05 /mai /2014 22:55

L’influence décisive de la guerre sur la pensée de Wittgenstein.

Beaucoup de spécialistes de Ludwig Wittgenstein (1889-1951) s’accordent sur l’irruption d’un plan spirituel dans son parcours intellectuel, mais peu s’attardent avec précision sur son apparition précise. Nous prétendons, avec Allan Janik, qui a abordé ce contexte historique lors de son exposé du vendredi 16 mai 2014 au Lycée Henry IV, que cette pensée si singulière a muté sous le joug de la guerre de 14-18, et plus précisément lors de son engagement dans la bataille de Broussilov, prenant alors une tournure de nature spirituelle et ce de façon irréversible.

« J’ai subi les supplices de l’enfer. Et l’image de la vie m’était si séduisante que je voulais vivre à nouveau. »1

1. Ludwig Wittgenstein, Carnets secrets 1914-1916, trad. Jean-Pierre Cometti, Chemin de ronde, 2008.

C’est suite à son implication sur le front russe où il s’est porté volontaire pour des missions de première ligne en tant qu’artilleur, visant à éprouver l’intégrité de son existence même, que ses premières saillies mystiques font irruption dans ses carnets.

Deux de ses frères se sont suicidés à la veille de la guerre, un troisième les suivra dans cette issue mortifère au sortir du conflit.

Quant à Ludwig lui-même, il fera longuement part à ses amis de Cambridge de la même tentation. C’est paradoxalement la guerre qui va lui redonner le goût de vivre.

En 1916, le 24 juillet, il déclare : « On nous tire dessus. Et à chaque coup de feu mon cœur se serre. J’aimerais tant vivre encore ! »

De début septembre à début décembre 1914 : il est artilleur sur le Goplana, un navire patrouilleur, et il lit l'évangile de Tolstoï. De décembre 1914 à Février 1915 il est détaché au service d’artillerie de sa garnison.

De début février 1915 à la mi- mars 1916 : il utilise ses connaissances d’ingénieur en mécanique au sein de son atelier de garnison. De mars 1916 au début 1918, il est officier de reconnaissance dans l’artillerie, bravant à de nombreuses reprises la mort.

Il obtient la médaille de bronze pour sa bravoure, une médaille d'argent pour son titre de première classe.

En mars 1918, jusqu'à la capitulation de Habsbourg à la fin du mois d'octobre il continue de faire preuve d’une bravoure sans failles. Il est d’ailleurs nominé pour la médaille d'or mais sa candidature est rejetée en raison de la défaite finale. Tous ces honneurs militaires ne l’empêchent pas de produire à une vitesse phénoménale son oeuvre maîtresse : le Tractatus logico-philosophicus2.

2. L. Wittgenstein : Tractatus logico-philosophicus, trad. Pierre Klossowski, Gallimard, 1961.

« Que sais-je de Dieu et de l’objet de la vie ?
Je sais que le monde existe.
Que je m’y trouve comme mon œil en son champ vis
uel.

Que quelque chose en lui est problématique, que nous appelons son sens. Que ce sens ne réside pas en lui, mais en dehors de lui.

Que ma vie est le monde.
Que ma volonté pénètre le monde.
Que ma volonté est bonne ou mauva
ise.

Par conséquent le bon et le mauvais sont de quelque façon connectés avec le sens du monde. Le sens de la vie, c’est-à-dire le sens du monde, nous pouvons l’appeler Dieu
et en connexion avec ceci assimiler Dieu à un Père.
Prier, c’est penser au sens de la
vie.

Je ne peux pas plier à ma volonté les événements du monde :
je suis totalement sans pouvoir.
Je peux seulement me rendre indépendant du monde – et ainsi en un certain sens le dominer – en renonçant à toute influence sur ses événement
s. »3

3. L. Wittgenstein : Carnets 1914-1916, trad. Gilles- Gaston Granger, Gallimard, 1971.

Ce texte date du 11 juin 1916, et à lui seul, révèle le souci proprement religieux de Wittgenstein.

Durant le printemps de 1916, alors que Wittgenstein risque quotidiennement sa vie, nombreuses sont ses allusions au Pater et l’on retrouve au coeur de ses carnets des fragments à caractère proprement mystique comme : « Que ta volonté soit faite ! » ; « J’ai sombré très profondément dans le péché, mais Dieu me pardonnera » ; « J’espère traverser l’épreuve, ne me quitte pas ! » ; « Puisse Dieu me libérer!»

  • Le sens de la vie, c’est- à-dire le sens du monde, nous pouvons l’appeler Dieu. » Par cette affirmation, Wittgenstein ouvre une perspective de retournement dialectique révolutionnaire pour son cercle d’influence positiviste puisqu’il place délibérément la connaissance humaine et son champ d’exploration absolu hors du monde. Wittgenstein synthétise dans ce texte poétique ouvrant notre article la notion de prière et de compréhension du monde, qui toujours échappe à une préhension purement logique. Acceptant de façon fataliste l’incapacité du volitif sur le cours du monde, le philosophe aspire comme Pascal à se libérer de l’emprise mondaine.

Penser au sens de la vie sera son ascèse quotidienne. Il s’écartera alors nettement des logiciens positivistes de Cambridge en apposant à son oeuvre cette dimension transcendantale ouverte aux apories qui se multiplieront au fil des ans dans ses travaux. Le texte à caractère poétique de Wittgenstein cité ici en préambule prend la tournure d’une prière et d’une incantation aspirant à une forme de parousie. Ce texte d’essence eschatologique tranche avec le ton habituellement neutre de ses précédents fragments. Lors de ce printemps de 1916, il « pense à Dieu », demande « Que Dieu soit avec moi. » Et affirme que : « seule la mort donne à la vie sa signification. » Car si « Il y a de l’indicible. Celui-ci se montre. C’est cela le mystique. »

Wittgenstein note dans le Tractatus4 :

« On reconnaît la solution du problème de la vie dans le fait que ce problème s’évanouit.
(N’est-ce pas la raison pour laquelle les hommes pour qui le sens de la vie devient clair après des doutes prolongés ne peuvent dire en quoi consiste ce sens ?)
»

Wittgenstein bouclera cette intuition en la redoublant sur un mode affirmatif, quelques temps après s’être réfugié en Norvège. Le 12 décembre 1937, il note depuis un bateau 5 :

« D’abord il faut être sauvé: puis tout sera différent et ce ne sera « pas étonnant » si vous pouvez faire des choses que vous ne pouvez pas faire maintenant. Comme croire en la résurrection. »

4. TLP 6.521 (trad. de Pierre Hadot).

5. Journal, 12 décembre 1937.

« Et la foi, c’est la foi en ce dont mon cœur, mon âme a besoin, et non mon intelligence spéculative. Car c’est mon âme avec ses pas- sions, en quelque sorte avec sa chair et son sang, qui doit être sauvée, non pas mon esprit abstrait. Peut-être peut-on dire: seul l’amour peut croire en la résurrection. Ou bien : c’est l’amour qui croit en la résurrection. On pourrait dire: l’amour rédempteur croit même en la résurrection; il adhère même à la résurrection. »6

6. Journal, 12 décembre 1937.

Les forces de Habsbourg perdirent 50 % de leurs effectifs durant le mois de février 1915.

Wittgenstein fut attaché à un officier observateur pendant ses premiers engagements, ( Sanvo, Krynicznyi ) et affecté comme point d'appui de cavalerie.

Méprisant le feu de l'artillerie lourde sur sa casemate, observant stoïquement les explosions d’obus de mortier, Wittgenstein fut régulièrement juché sur son point d'observation de la batterie 417, où il refusait de se mettre à couvert, bravant les tirs en permanence. Non à la manière d’une tête brûlée exaltée mais bien plutôt avec la froideur impersonnelle du logicien qu’il était. Son calme olympien apaisait ​​d’ailleurs ses camarades.

Courage, calme, sang-froid, héroïsme, tout dans son attitude provoquait l'admiration de sa troupe.

Il faisait son devoir en soldat philosophe, échappant par ce choix transgressif à la contagion suicidaire qui imbibait son clan familial.

Après l’assaut initial de Broussilov, dès le 12 du mois de juin, 3500 seulement des 16 000 hommes de la formation de Wittgenstein ont survécu.

«La manière dont tout a lieu, c’est Dieu.

Dieu est la manière dont tout a lieu.

C’est seulement de la conscience de l’unicité de ma vie que naissent la religion-la science-et l’art. »7

7. Carnets 1914-1916, trad. G.G.Granger, Gallimard.

Sa soeur Hermine affirme dans les mémoires de la famille (Familienerinnerungen) que son frère ne s’est pas engagé uniquement pour des motifs patriotiques : « Comme je le connais bien, il n’était pas seulement soucieux de défendre son pays; » ajoutant “il avait un désir intense de prendre quelque chose de difficile et d’exigeant, et de faire autre chose que le travail purement intellectuel.”

Le 7 Août, malgré une double hernie, il a été affecté à un régiment d'artillerie. Le 9 Août, il a commencé la rédaction du premier volume du manuscrit Logisch-philosophische Abhandlung, MS 101, publié dans Notebooks, 1914-1916.

Quelques jours plus tard, il se retrouve à l'avant du navire de patrouille Goplana sur la Vistule. Le 30 Octobre, il a commencé un deuxième manuscrit, qu’il a travaillé jusqu'au 22/06/1915 : MS 102, publié dans Notebooks, 1914-1916. Au cours du mois de décembre, il a été transféré à l’atelier d'artillerie à Cracovie. Lors de la première année de la guerre, son frère Paul a été grièvement blessé, perdant son bras droit, et a été fait prisonnier par les Russes.

La navire "Goplana" sur la Vistule

Après avoir été blessé dans une explosion frappant son atelier, et après un court séjour à l'hôpital de Cracovie, Wittgenstein a été transféré à la fin de juillet au sein d’un atelier d'artillerie à bord d'un train à proximité de Lwow. Au début du printemps, Wittgenstein a été transféré à sa demande dans un régiment d'obusiers sur le front galicien. Là, il a commencé un troisième manuscrit, sur lequel il a travaillé jusqu'en 10/01/1917 : MS 103, publié dans Notebooks, 1914-1916, Oxford 1961.

Il a été décoré à plusieurs reprises et a été promu caporal le 1er Septembre. Il a ensuite été ordonné à l'école pour officiers d'artillerie d’Olmütz. Le 26 Janvier 1917, il est retourné à son ancien régiment de la Bucovine, où il a été engagé dans l’offensive de Kerensky et a été décoré à plusieurs reprises. Après la trêve avec la Russie le 28 Novembre, il a passé son congé à Vienne.

Carte d'identité militaire de Wittgenstein

Wittgenstein a été promu officier de réserve (lieutenant) le 1er Février 1918. Au printemps, il a été transféré sur le front sud près de Asiago et temporairement affecté à un régiment d'artillerie de montagne.

Il a passé sa dernière permission en juillet et août à Vienne et dans la maison de son oncle Paul Wittgenstein à Hallein, près de Salzbourg, où il a complété le travail final de Logisch-Philosphische Abhandlung, Manuscrit 104, publié par Routledge, Prototractatus and Kegan Paul, à Londres en 1971 et les tapuscrits du Tractatus logico-philosophicus TSS 202, 203 et 204 plus tard publiés comme Tractatus logico-philosophicus, Kegan Paul, Londres, en 1922.

Fin septembre, Wittgenstein était de nouveau à l'avant. Encerclé par les Italiens, il a construit son mortier en utilisant une méthode qui remonte à l’Antiquité, du bronze autour d'un tronc d'arbre et en fondant le métal dans un tube de canon.

Le 3 novembre, il a finalement été fait prisonnier par les Italiens près de Trento, ainsi que l'ensemble des forces autrichiennes dans la région. Il s’est alors retrouvé dans un camp près de Côme.

Le 4 juin 1916, sur le front est de la Première Guerre mondiale, les forces russes conduites par le général Alexeï Broussilov, commandant en chef du front sud-ouest, lancent une grande offensive contre les armées allemandes et austro-hongroises en Pologne et en Autriche-Hongrie. Cette offensive, initialement prévue le 15 juin, est avancée pour soulager l'Italie de la pression austro-hongroise, le haut commandement italien ayant demandé l'intervention des Russes.

L'attaque russe, qui prendra le nom d'offensive Broussilov, était prévue pour coïncider avec l'assaut britannique dans la Somme, sur le front occidental.

4 juin

Broussilov prévoit d'avancer sur un large front de 300 km. Ses IIIe et VIIIe armées ont pour ordre d'attaquer la IVe armée austro-hongroise par le sud des marais du Pripet. Plus au sud, la VIIe armée russe est dirigée contre la VIIe armée austro-hongroise.

L'opération débute par un bombardement de près de 2 000 pièces d'artillerie russes, la première avancée des Russes est excellente, particulièrement dans le nord et le sud où les Austro-Hongrois s'effondrent presque. Elle n'est freinée qu'au centre, où les Russes affrontent les unités allemandes. La bataille se poursuit jusqu'en septembre.

10 juillet

Les autorités russes annoncent qu'elles ont fait prisonniers quelque 300 000 soldats allemands et austro-hongrois depuis l'ouverture de l'offensive Broussilov.

12 août

Le général Alexeï Broussilov présente les détails de la poursuite de son offensive. Il affirme avoir fait 375 000 prisonniers allemands et austro-hongrois et s'être emparé de 400 pièces d'artillerie, 1 300 canons et avoir gagné 38 000 km2 de territoire. Les pertes russes s'élèvent à 550 000 hommes. La plupart de ces soldats étaient très fidèles au tsar Nicolas II, mais ceux qui les remplacent se montrent moins enclins à le soutenir.

10 octobre

Le tsar Nicolas II ordonne que soit mis un terme définitif à l'offensive victorieuse du général Alexeï Broussilov. Cependant les combats continuent jusqu'à la mi-octobre.

Ludwig Wittgenstein avait reçu une formation d'ingénieur et s'était spécialisé en aéronautique à l'université de Manchester. C'est au moment où il effectuait des recherches pour la construction d'un turboréacteur que son intérêt pour les mathématiques et la logique s’est affirmé.

Loin d’un Jünger trouvant dans le conflit guerrier la sensation de communauté de destin avec ses camarades de classe, il éprouve durement la «stupidité», l'«insolence» et la «méchanceté sans limites» de ses frères d’arme, jugeant «qu’il n'est donc pas vrai que les grandes causes communes ennoblissent nécessairement l’homme». Il constate la disparition de la «sensualité», la masturbation, l’impossibilité de se confier, la pure désespérance, mais aussi la présence de Dieu :

«mon âme se rétrécit. Dieu m'illumine! Dieu m’illumine!».

Son écriture lui permettra de résister à cette épreuve et s’en trouvera même stimulée comme jamais.

« La volonté est une prise de position à l’égard du monde ». 8

8. Carnets 1914-1916, trad. G.G.Granger, Gallimard.

Sources :

WITTGENSTEIN, L. (1961), Tractatus logico-philosophicus, suivi de Investigations philosophiques, Paris, Gallimard.

WITTGENSTEIN, L. (1965), Le cahier bleu et le cahier brun, Paris, Gallimard.

Ludwig Wittgenstein, Carnets secrets 1914-1916, trad. Jean-Pierre Cometti, Chemin de ronde, 2008.

Wittgenstein : Tractatus logico-philosophicus, trad. Pierre Klossowski, Gallimard, 1961.

Rauchensteiner , Der Erste Weltkrieg und das Endettement der Habsburger -

L'offensive Broussilov. Timothy c . Dowling, Indiana University Press, 2008.

Wittgenstein , Vienne et la modernité, Allan Janik, Stephen Edelston Toulmin,

Presses Universitaires de France, 1978.

Wittgenstein et la déconstruction, Laurent Carraz, Antipodes.

Carnets 1914-1916, trad. G.G.Granger, Gallimard.

Les Carnets de Cambridge et de Skjolden, trad.J.-P. Cometti, PUF 1999.

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11 avril 2014 5 11 /04 /avril /2014 21:07
La mort du code-barres
Présentation

Inutile donc de faire comme s’il restait une part de joliesse dont on pourrait encore s’enorgueillir benoîtement. Inutile, puisque le cœur, moribond, s’apprête à lâcher. Cela fait bien longtemps que les rires ont jauni ; et puisque tout le monde s’en fout manifestement, autant vomir en public les haines et idéaux dont le mélange indigeste ne passe définitivement pas. Alors ça casse. Et avec les rêves balayés, c’est l’être dans son entièreté qui casse, interdit de cité. Il n’y a rien à faire : ça ne passe pas, alors ça casse. Membres épars et cœurs fêlés, ça casse. Sentiments dégonflés et rêves effondrés, ça casse. Dans l’indifférence générale. Indifférence si outrageusement fardée de discours humanistes que ce maquillage suranné ne parvient plus à masquer la dialectique de putréfaction qui travaille en profondeur tous les corps sociaux que l’humain s’est inventés pour faire écran, pour détourner son regard d’un vide qu’il ne sait affronter. Réseaux de trompes-l’œil, jeux de dupes : le trop plein de vivres à toujours consommer n’endigue pas la mort qui consume à jamais des mouvements de l’âme trop creux pour durer. Ça casse. L’obscénité du monde abonde dans le non-sens de sa vacuité : c’est l’inertie ambiante, la dialectique de l’inanité. Surproduction de verbiage, surmultiplication des artifices. Et pourtant rien n’y fait. Encore et toujours : ça ne passe pas, alors ça casse.

Préface d'Amine Boucekkine.

Note : Vous pouvez aussi commander ce livre en librairie (notez le n° ISBN : 978-952-273-377-1)

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30 mars 2014 7 30 /03 /mars /2014 12:44

Il existe, en Europe, une armée privée dont la fonction est de servir les objectifs de de la Commission européenne. Elle se nomme EuroGendFor. Elle est située à Vicenza en Italie. Cette armée secrète ou unité d’intervention spéciale est composée de 3000 hommes. Police politique, judiciaire, armée et pourvue de services secrets, ses missions se réalisent en étroite coopération avec les armées européennes afin de garantir la « sécurité en territoires de crise européens ».

En d'autres termes, faire cesser toute révolte populaire au sein des Etats membres de l’UE qui adhèrent à « EuroGendFor ».

Cette troupe paramilitaire a été fondée sans la moindre légitimité démocratique, en toute opacité, et chaque Etat peut faire appel à la FGE pour mater quelque crise que ce soit.

Le Traité de Velsen régit ses règles d'intervention.

Sa devise « Lex paciferat » indique la volonté d'imposer la paix par le droit. Mais lequel ?

La première version du blason de la FGE était composée d'une grenade au-dessus d'une épée et entourée de 12 étoiles adoptée par le CIMIN lors de la réunion du 12 septembre 2006 à Vicenza. Cet insigne est légèrement modifié en 2007 lorsque les États membres optent pour le retrait des 12 étoiles. Enfin en décembre 2009, lors de la réunion du CIMIN à Versailles, une version tactique d'un insigne "basse visibilité" est adoptée.

Cette structure militaire est née d’une initiative réunissant cinq États membres de la communauté européenne : la France, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal et l’Espagne, rejoints notamment par la Roumanie en 2008, et finalisée par un Traité furtif. Elle a pour mission officielle "d’améliorer la capacité de gestion de crise dans les régions sensibles et de contribuer au développement d’une politique commune de défense et de sécurité." Traduire par : utiliser la force en fonction des intérêts de l'élite "européiste". Elle peut effectuer ses missions de police sur différents théâtres, zones déstabilisées, en support des actions de l’Union Européenne (UE), du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), de l’Organisation des Nations Unies (ONU), de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) et autres coalitions " ad hoc "...

Le caractère très informel de ses missions laisse songeur. Force « opérationnelle, pré-organisée, solide et rapidement projetable » contribuant à la Politique Commune de Sécurité et de Défense (CSDP), elle est en mesure d'être déployée hors des structures officielles de l’Union Européenne, ce qui laisse en suspens la question de ses limites d’interventions tant sur le plan géographique que politique.

Créée le 17 septembre 2004 à Noordwijk aux Pays-Bas, déclarée opérationnelle le 20 juin 2006, par un "Comité InterMInistériel de haut Niveau", sa première participation dans une opération de gestion de crise a pris pour nom l’opération EUFOR “ALTHEA” au service de l’Union Européenne en Bosnie Herzégovine. En 2009, sous commandement OTAN, elle est intervenue en Afghanistan.

Elle a apporté son soutien à la mission des Nations Unies en Haïti après le tremblement de terre qui a ravagé ce pays afin de sécuriser les lieux. Elle peut donc agir pour l’UE, l’OTAN et les Nations Unies. Sans le moindre mandat démocratique, sans le moindre assentiment populaire, sans la moindre consultation des peuples européens.

Ses forces peuvent être placées sous commandement militaire, dans le cas d’un conflit de haute intensité, ou civile et d’autre part, de manière autonome ou en coordination avec d’autres forces, mais lesquelles ?

Elle peut se substituer à des forces de police locale et donc nationale. Cette force de police internationale peut être mandatée pour assurer les fonctions de police, et être investie de tous les pouvoirs de police, comportant le port des armes et les actions de répression directe.

Qui déterminera la dite carence de l’état de droit dans tel ou tel pays ? Sur quelles bases politiques ? Pour réaliser quels objectifs ?

Cette police internationale peut contrôler un territoire européen et s'imposer aux forces militaires nationales, si l'Union Européenne le décide.

Un conseil de guerre, via comité interministériel composé des ministres de la Défense et de la Sécurité des pays membres de l’UE détermine ses options d’intervention.

Selon l’article 4 de son Traité constitutif : « On peut recourir aux FGE pour protéger les personnes et les biens et maintenir l’ordre en cas de troubles publics. » L'exterritorialisation potentielle induite par cette force peut donc s'imposer à l'autorité d'un Etat souverain dans lequel cette force intervient.

Le Traité régissant cette puissance de moins en moins secrète a été contracté entre le Royaume d’Espagne, la République française, la République italienne, le Royaume des Pays-Bas et la République portugaise.

Elle peut surveiller, conseiller, encadrer et superviser les polices locales dans leur travail quotidien, surveiller l’espace public, régler la circulation, contrôler les frontières et effectuer des missions générales de renseignement ; effectuer des enquêtes criminelles, notamment découvrir des délits, retrouver les délinquants et les livrer aux autorités judiciaires compétentes ; protéger les personnes et les biens et maintenir l’ordre en cas de troubles publics.

Source : www.eurogendfor.eu

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6 février 2014 4 06 /02 /février /2014 14:22


Un inconnu, une sorte de Monsieur Tout-le-monde qui travaille pour les voies mystérieuses de son Seigneur. William Somerset et David Miles sont chargés de l'enquête, il va falloir se fendre la tête pour comprendre qui est cet OVNI.
Lui tue des gens. Un homme obèse qu'il juge dégoûtant, un avocat forcément compromis, un modèle narcissique, un trafiquant de drogue, porteurs de péchés mortels à chaque coin de rue, dans chaque maison. Qu'il veut nettoyer.
Eux sympathisent avec l'Enfer. L'apathie est leur solution. Si facile de se perdre dans des drogues plutôt que de faire face à la vie. De voler, de battre un chien ou un enfant plutôt que de l'aimer. Les rues sont grises.
Californie, on appelle quelqu'un, sortir du hall des habitudes policières. C'est un dérangé, et c'est tout ce qu'ils savent sur son compte.
Il n'est pas le diable. Quand on veut retenir l'attention d'autrui, on ne peut plus se contenter de tapoter une épaule désormais. Il faut les frapper avec un marteau de forgeron. Après seulement, vous aurez leur attention.
Eux ne sont que marionnettes dansantes, ne réalisant pas que nous ne sommes rien, rien de ce qui a été prévu. C'est impressionnant de voir un homme alimenter artificiellement ses émotions.
Il lit Dante, encore un putain de dérangé tuant avec poésie. Il se prend pour un Messie. Miles le considère comme un film de fin de semaine. Au mieux un t-shirt foutu.
Le Peuple ne veut pas de héros, juste continuer de manger de mauvais cheeseburgers, jouer au loto et regarder la télévision en se lavant le reste de mémoire à la bière. Ils ne pourront à peine comprendre, mais ils ne pourront pas nier son oeuvre.
Un malade méthodique, exigeant et le pire de tout, patient. Il a une carte à la bibliothèque du coin, ça n'en fait pas un mutant. Il danse probablement, selon Miles, "dans le slip de sa grand-mère, en se frottant dans du beurre de cacahuètes". Tout ceci ne trouvera pas de fin heureuse.

Il doit lire " Armes à feu et Munitions" en se masturbant dans ses propres excréments, mais s'arrête-t-il un instant pour réaliser à quel point il est cinglé ?

Les journaux intimes du tueur parlent du métro, ils sont comme un long passage souterrain dans l'âme envenimée de ce désaxé, racontant comment un homme s'est approché de lui, affable, comment il a papoté, devisant du temps et d'autres futilités. Il a essayé de lui être agréable, de s'accommoder de sa banalité. Puis a soudainement vomi sur lui, heureux et ne pouvant plus s'arrêter de rire.
L'angle de son visage est singulier. Arrondi et terne comme sa vie.
Mais ce n'est pas un criminel blême. Il n'entrera pas dans cette catégorie s'écriant, pleurnichard : "Les voix m'ont fait le faire. Mon chien m'a fait le faire. Jodie Foster m'a dit de le faire." Il ne se laissera pas étiqueter comme fou pour les rendre plus CONFORTABLES.
Quelqu'un qui passe un temps significatif avec Somerset le trouve immanquablement désagréable. David Mills confirme.
Décrochez vos téléphones. Parfois résonne une voix familière. Qui respecte ces agents d'application de la loi la plus quotidienne. Il rajustera son calendrier à la lumière de ses échecs, en attendant, il exprime son admiration. Après avoir quelque peu endommagé leurs blasons de rafales détonantes, il n'avait pas vraiment le choix, hmm. Il faut accepter ses excuses car il a envie d'en dire plus, sans pour autant ruiner sa surprise. Puis raccroche.
Il s'est déguisé en photographe, il a obtenu votre image!

Le tueur a réalisé le rêve de tout propriétaire : un locataire paralysé sans langue qui paye son loyer à l'heure dite. Avec tout l'Enfer pour attendre.

Pourquoi tout cet effort pour être transféré un bref instant hors d'ici ? C'est la première question qui jaillit dans la tête de Somerset. Pourquoi vouloir se faire transférer hors du commissariat afin de les faire avancer sur le terrain d'une élucidation hypothétique ? Sans doute pour des raisons que vous ne pourriez sainement concevoir. Ce genre de mêmes raisons qui vous font basculer vers le sommet du pire, en mieux hein.
Peut-être que vous ne comprenez pas la question, ni n'envisagez de réponse.
La réalité est pourtant simple. Il s'est battu pour être re-assigné au coeur de l'enquête, au centre du commissariat, ici. On ne l'avait pas envisagé si clairement auparavant.
Il a travaillé sa série d'homicides pendant cinq ans. Il faudra bien plus de sept jours pour organiser la mémorisation de ses aveux. Que pensez-vous ? S'il devait revendiquer la folie, une simple conversation avec lui rendrait inadmissible cette prétention. Car il a des réclamations à faire par-dessus le marché.
En tant que client de la justice, il ne manque pas de souligner qu'il a encore deux autres morts dans sa besace. La Presse connaîtra des heures fastes si l'on réalise que les services policiers n'ont pas été concernés par la découverte de leurs dépouilles encore chaudes, par l'idée de leur offrir un enterrement approprié et fleuri.
Si vraiment, il y a plus de deux cadavres. Des corps organismes pour lui, des victimes pour le reste du monde. Il faudra se rendre où il désire, à six heures de ce jour.
Pourquoi eux, ces simples flics sans relief, pour l'accompagner dans sa mise en scène ? Il dit les admirer. Son avocat travaille conformément à la turpitude des lois pour servir ses clients endommagés du cerveau au mieux de ses capacités cravatées et servir leurs intérêts supérieurement ensanglantés. Il ne cherche pas à contrevenir aux règles, bien au contraire.
La découverte de ce qui est à l'intérieur d'un paquet, dans le désert de Californie, fera le reste. Dites à vos gens de rester loin. Restez au plus loin maintenant, ne faites rien, n'entrez pas ici. Quoi que vous entendiez, restez loin ! Car ce Monsieur Tout-le-monde a le dessus.
Il a obtenu ce qui est mérité.
David saluait sa femme après chaque arrivée à la maison, avec un ton de perdant.
Tracy l'aimait cet idiot.
Il a visité leur maison ce matin, après qu'il soit parti travailler. Il a essayé de jouer le mari. De goûter la vie d'un homme sans histoires. Il n'a ramené qu'un souvenir ... la jolie tête de son épouse.
ll faudra partir en retraite anticipée, encore six jours à patienter.
La maison de David vibrait à cause du chemin de fer si proche, des rires hystériques, Tracy était aux anges.
Elle a prié pour sa vie... elle a prié pour sa vie et.. la vie du bébé à l'intérieur d'elle.
Gel d'incrédulité peinée dans tout l'horizon désertique.
"Oh ...! Il n'a pas su".
Tout un monde de connaissance à votre portée et ils ont joué au poker toute leur vie.

Chien mort sur le côté, ce n'est pas lui.

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5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 19:51

Considérer tranquillement la figure du hasard, les gestes de la grâce, la bouche du destin.

La bouche du destin
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21 décembre 2013 6 21 /12 /décembre /2013 15:13

 

Ayant été désavoué dans un premier temps par le Tribunal administratif de Melun, le 5 avril 2012, pour des arrêtés illégaux pris à l'encontre de l'administré charentonnais que je suis, puis condamné par le Tribunal de grande instance de Paris, le 23 septembre 2013, l'UMP Jean-Marie Brétillon se présente aux suffrages des municipales pour briguer un troisième mandat électif.

 

Article autocensuré suite aux menaces de poursuites judiciaires du Maire.

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17 octobre 2013 4 17 /10 /octobre /2013 21:55

 

Photo-1094.jpg

Via le maire de Charenton-le-Pont, Jean-Marie Brétillon, condamnés par la justice de ce pays à plusieurs milliers d'euros de dédommagement à l'égard de l'écrivain Thomas Roussot. 

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16 octobre 2013 3 16 /10 /octobre /2013 21:03

La coupe du couteau

Ouvre  la sagesse solidifiée
En  douleur bourdonnante
Annihilation d'années factices
Physique des sentiments
Qui voltigent dans des citadelles sans yeux
L'espace n'est pas derrière l'univers
Simultanés les contraires s'annulent
À l'intérieur de corps inconscients
Disparaît l'identité
Comme une brûlure sous les doigts
L'arrière des années
Handicape la respiration
Efface toute chute
A l'endroit d'où les bouches adviennent
Vers l'entéléchie d'un ciel orange

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7 septembre 2013 6 07 /09 /septembre /2013 15:19

Un génocide français.Photo-2107719807_out.jpg

 

Des heures noires qui souillent l’histoire de France, l’histoire officielle n’en reconnaît que certaines. Pourtant, 76 000 malades internés dans les hôpitaux psychiatriques français sont morts durant la seconde guerre mondiale, et au moins 40 000 d’entre eux ont été éliminés indirectement par l’Etat français qui a décidé de réduire significativement l’aide alimentaire à cette population par principe improductive et donc jugée alors secondaire (seulement alors ?).

La surmortalité dont nous parlons a été causée par une famine organisée et entérinée, via une réduction des rationnements réservés aux structures psychiatriques, dans une logique économique et philosophique caractérisée. La famine est régulièrement utilisée par les pouvoirs dictatoriaux pour éliminer des groupes humains jugés problématiques, soit parce qu’ils sont susceptibles de s’opposer, soit parce qu’ils incarnent des convictions, des mœurs ou des attachements entrant en contradiction avec les dits pouvoirs, ou bien quand, et c’est le cas en l’occurrence, ils représentent une dépense évaluée comme inutile.

Les taux normaux de mortalité avant-guerre n’ont jamais été déterminés avec précision, ces populations asilaires n’intéressant que peu les historiens. C’est pourquoi, même s’il faut saluer le travail de salubrité publique effectué par quelques médecins courageux comme Max Lafont, la différenciation entre morts statistiquement normales et anormales reste nébuleuse. Y compris pour notre époque contemporaine. L’institution psychiatrique n’a jamais brillé par une grande soif de transparence sur ces questions, hier comme aujourd’hui. L’idéologie d’un pouvoir se traduit toujours systématiquement dans la pratique psychiatrique, comme dans toute autre institution publique. Quand celle-ci estime que les fameux fous sont des bouches inutiles, alors, toutes les options sont envisagées et pratiquées.

 

 

Un génocide français.

Il y avait par exemple pour l’Hôpital de Niort, si l’on étudie les travaux du Docteur Jean Burguet (« L’Hôpital-Hospice de Niort durant la seconde guerre mondiale à travers les délibérations de sa Commission administrative, Bulletin de la Société Historique des Deux-Sèvres, Troisième série, Tome II, 1er semestre 1994 »), uniquement un médecin aliéniste chargé d’au moins 600 malades.

Comment, dès lors, avec si peu de moyens humains, évaluer sérieusement la nature d’un processus criminogène ? Processus qui eut bien lieu pourtant, essentiellement par la réduction intentionnelle des tickets de rationnement attribués à ces structures opaques ainsi que le manque de vêtements et l’insalubrité des lieux inadaptés contre les froids hivernaux.

La mort par famine n’existait pas avant la guerre dans ces lieux, c’est un élément objectif incontestable.

Le Docteur Lucien Bonnafé (« Dans cette nuit peuplée, Ed. Sociales, 1977) décrivit son entrée dans l’Hôpital psychiatrique de Ville-Evrard : « C’est à Ville-Evrard que nous eûmes la révélation d’une pathologie dont on devait parler abondamment au retour des survivants de la déportation, après la libération des camps nazis : amaigrissement prodigieux avec ou sans réveil de tuberculose latente, contamination déclenchant des phénomènes de phtisie galopante sur des organismes à défense anéantie, œdèmes énormes où l’on voit ces corps squelettiques se remplir d’eau, puis se vider dans d’incroyables diarrhées. A la visite du matin le dortoir sentait le cadavre. »

 

Le rationnement décidé par l’Etat français ne toucha nullement les autres types d’hôpitaux mais cibla clairement les structures psychiatriques. L’Allemagne nazie élimina quant à elle au moins 200 000 malades par le gaz et la malnutrition. L’idéologie eugéniste était partagée des deux côtés du Rhin, ici via son chantre Alexis Carrel, créateur sous la tutelle du maréchal Pétain de la Fondation française pour l’étude des problèmes humains qui conditionna grandement les mentalités de l’époque.

Le Dr Requet, chargé des services au Vinatier, dans la région lyonnaise, responsable de 800 internés :

« Vous imaginez la difficulté pour s’intéresser à tous ! Les conditions de vie étaient atroces. Les internés vivaient comme des bêtes, avaient plus souvent de la paille que de la literie, l’aération et le chauffage étaient rudimentaires….ce que nous recevions était absolument insuffisant pour nourrir quelques 3000 malades…même avec les compléments de la ferme ».

Plus loin : « Je peux témoigner de scènes affreuses : les malades se mangeaient les doigts ; ils mangeaient tout ce qui passait à leur portée : les écorces des arbres par exemple. C’était courant d’apprendre que des internés mangeaient leurs matières fécales ou buvaient leurs urines ; ils rêvaient tout exclusivement de rêves alimentaires ; un malade qui avait reçu un colis s’est jeté dessus et il est mort d’une rupture gastrique. » (« Rhônes-Alpes », du 9-4-1979 : interview du Dr Requet par André Mure.)

Le célèbre Dr Gaston Ferdière, remettant en novembre 1942 son rapport au préfet de l’Aveyron :

« Le Service d’enfants tel que je l’ai découvert avec stupeur lors de ma première visite était une garderie honteuse où le pervers léger (sic), placé à la suite d’une fugue ou d’un vol familial minime, pouvait avoir pour voisins de lit le plus grand épileptique gâteux et barbouilleur et l’idiot le plus monstrueux. »

Ce bref extrait rend compte des fameux internés, parfois des enfants, pris pour fugue et qui finiront donc exterminés par la famine…

Le médecin des Asiles Riquet déclara à la Société de Médecine, en 1942, avec force détails, la nature du processus en question :

« Faim, amaigrissement énorme, voire émaciation, asthénie allant jusqu’à l’adynamie, œdème débutant souvent aux parties déclives, (mais aussi à la face, donnant au malade un faux air de bonne santé) et arrivant rapidement à des proportions considérables, anasarques géants comme on n’en voit pas dans la pathologie habituelle, épanchement dans toutes les séreuses, mais surtout sur le péritoine et les plèvres (surtout à droite), perte du pouvoir de régulation thermique, diarrhées prolongées pendant des semaines et des mois avec selles, nombreuses et impératives, peu influençables par les différentes thérapeutiques, tout en conservant un appétit féroce, sauf dans les derniers jours de la vie (sic) ; mort habituelle par coma algide de quelques heures, souvent inopiné (accompagné parfois de contractions chroniques des membres supérieurs et de convulsions). Plus rarement, la tuberculose pulmonaire est la cause même de la mort,…] Ont été touchés en premier lieu les gens âgés et usés, les alcooliques, les gros mangeurs et les travailleurs ; les jeunes sont ceux qui résistent le mieux et l’on peut dire que la pathologie de sous-alimentation croît avec l’âge. …] D’une façon générale, la mortalité par sous-alimentation est considérable surtout en hiver ; où l’on voit moins d’oedèmes de carence et surtout moins étendus parce qu’ils n’ont pas le temps de se constituer et de s’étendre. En hiver, les phénomènes de dénutrition deviennent rapidement irréversibles et à partir d’une certaine dégradation, il n’y a plus d’espoir de rétablir le malade même en le réchauffant et en le suralimentant. […] Les rations qui provoquent ces troubles sont caractérisés par une insuffisance calorique globale, mais surtout par un déséquilibre alimentaire ; il n’y a pas assez de graisse et de matières azotée par rapport aux hydrates de carbones. »

Le résultat de cette communication qui décrit tout simplement un phénomène de mort massive similaire en de nombreux points aux camps de concentration nazis n’entraîna qu’une indifférence totale. Peu d’accès au marché noir, pas de combines, rien que la mort et la conspiration du silence.

Il est vrai que Laval avait proposé à Alexis Carrel de devenir ministre de la santé, lui qui défendait l’élimination physique par soucis économique les fous et les prisonniers :

« On pourrait faire comprendre aux jeunes gens à quels malheurs ils s’exposent en se mariant dans des familles où existent la syphilis, le cancer, la tuberculose, le nervosisme, la folie, ou la faiblesse d’esprit. De telles familles devraient être considérées par eux comme au moins aussi indésirables que les familles pauvres. Aucun criminel ne cause de malheurs aussi grands que l’introduction dans la race de la tendance à la folie. » (p.364)

« Le coût des prisons et des asiles d’aliénés, de la protection du public contre les bandits et les fous, est, comme nous le savons, devenu gigantesque. Un effort naïf est fait par les nations civilisées pour la conservation d’êtres inutiles et nuisibles. Les anormaux empêchent le développement des normaux. […] Pourquoi la société ne disposerait-elle pas des criminels et des aliénés d’une façon plus économique ? » (p.387)

L’Homme, cet inconnu ? Alexis Carrel, Editions Plon, 1943.

Dans sa préface de la version allemande, il écrira fin 1936 :

« En Allemagne, le gouvernement a pris des mesures énergiques contre l’augmentation des minorités, des aliénés, des criminels. La solution idéale serait que chaque individu de cette sorte soit éliminé quand il s’est montré dangereux… »

En effet, des centaines de milliers d’allemands déterminés comme malades mentaux seront bel et bien physiquement éliminés durant cette période.

Le Dr Balvet de Montpellier lança un appel à ses confrères soulignant l’état d’impéritie de cette institution, appel qui resta pour la période lettre morte.

« Dire qu’en 1942, Balvet dénonce le génocide des malades mentaux, c’est le romantisme de Colin. Non mais, je ne dis pas que je n’ai pas joué un rôle…Un rôle sûrement…mais que Colin et d’autres ont remanié en faisant de moi une statue…C’est pas vrai. Ca va avec ce que je dis.. Rien n’est vrai de tout ça. .C’est vrai que cet article, ce machin, je l’ai fait avec un certain.. puisqu’on dit honteux pour le reste…Disons que ça a été un acte de courage autant que je me rappelle. »

Certains responsables d’hôpitaux tentent d’assouplir les conditions inhumaines qui sont faites aux internés, demandant au gouvernement des accommodements, comme ceux de l’hôpital de Saint-Egrève, près de Grenoble, les réponses s’avèrent cinglantes comme en témoigne ce courrier officiel du Gouvernement de Vichy via le Secrétariat d’Etat à la Santé (XXIIe région ) :

« Demandez à vos médecins de désigner les bénéficiaires par classement basé sur la distinction ci-après : les malades récupérables, c’est-à-dire ceux qui, par un traitement approprié et un séjour de courte durée dans votre hôpital, pourront être rendus à la liberté et reprendre leur place dans la société et leur activité antérieure. Ce sont ceux-là qu’il convient de ré-alimenter. »

1400 calories par interné, tel était le programme alimentaire réservé aux malades par l’Etat français durant toute la guerre. Privation des suppléments alimentaires accordés à tous les autres hôpitaux non psychiatriques. Hôpitaux qui pourtant étaient souvent situés sur des domaines agricoles riches en protéines, (lait, bœufs, porcs et autres poulets). Des expériences furent pratiquées sur ces internés comme l’injection de sérum de bovidé, de strychnine, ou d’extraits ovariens totaux.

Pendant ce temps, la Société médico-psychologique devisait sur le délire du manque, l’onirisme lilliputien et gastronomique par carence alimentaire, la sensibilité particulière des malades mentaux à l’avitaminose B1 ….

Les autorités médicales multiplient les thèses sur l’œdème de malnutrition, les troubles de la pression osmotique des protéines, les cachexies mortelles, sans jamais dénoncer clairement l’origine de cette avalanche statistique pudiquement nommée de nos jours surmortalité. La subtilité de cette pratique génocidaire consista en l’absence quasi-totale d’ordres, et pour cause, les rations officiellement appliquées aux  HP ne permettaient pas la survie physique. Il était inutile d’expliciter, théoriser et légitimer un abandon à la mort de façon officielle puisque la pratique des rations ainsi déterminées de façon sous qualitative sur le plan biologique assurait de façon muette un tel résultat mortifère.

 

Ajzenberg A. : L’abandon à la mort de 76 000 fous par le régime de Vichy, L’harmattan, 2012.

Bonnafé L. : Dans cette nuit peuplée, Editions sociales, Paris, 1977.

Broussolles P. : Loi de 1838 et aliénation mentale, In Information sociale, 1965, pp. 134-142.

Carrel A. : L’homme, cet inconnu, Plon, Paris, 1935.

Castelli A. : Montdergues-les-Roses (1940-1945), Un hôpital psychiatrique sous Vichy, in Revue Chimères Numéro 28.

Daumezon G. : La situation du personnel infirmier des asiles d’aliénés, Editions Doin, 1935.

Lafont M. : L’extermination douce, 40 000 malades mentaux morts de faim dans les hôpitaux sous Vichy, Editions le bord de l’eau, 2000.

Jay Lifton R. ; Les médecins nazis ou le meurtre médical et la psychologie du génocide, Editions Robert Laffont,1989.

Durand P. : Le train des fous, Editions Syllepse, 2001.

Foucault M. : Histoire de la folie, Editions Plon, 1961.

Roumieux J. : Je travaille à l’asile d’aliénés, Editions Champ Libre, 1974.

Scherrer P. : Un hôpital sous l’Occupation, Atelier Alpha Bleue, 1982.

Vermorel H. et Meylan A. : Cent ans de psychiatrie, Editions du Scarabée, Paris, 1969.

 

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28 août 2013 3 28 /08 /août /2013 14:57

Une institution antidémocratique à l'oeuvre.

 

« Je suis mort à Rodez sous un électro-choc.

Je dis mort. Légalement et médicalement mort. »

Suppôts et Suppliciations.

Antonin Artaud.

Les journalistes ne ratent que rarement l’occasion de souligner les crimes et délits induits par des individus présentant un passif psychiatrique, mais sans jamais oser interroger le lien de causalité éventuel reliant ces actes aux passages dans la dite institution. On aimerait constater le même zèle pour rendre compte des actes délictueux et parfois criminels produits par le personnel censément soignant, comme dans cette affaire qui n’a entraîné aucune sanction professionnelle après pourtant une condamnation pour homicide…

Florence Edaine était décédée le 14 mars 2004 dans l’Hp de Moiselles, les Drs Jean-François Ruinart de Brimont et Marta Mestres ont été jugés coupables d’homicide involontaire mais aucune sanction professionnelle ne s’en est suivie…

La misère psychique étant bien souvent sécrétée par le flux des interactions sociales indissociable de celle-ci, la dissimuler voire l’éliminer demeure la tâche première de cette organisation étatique, au service qu’elle est du paravent d’un ordre établi qui se doit de prétendre au bon fonctionnement, sain et harmonieux, assurant l’entretien d’une mythification étatique qui ne peut s’accommoder de positions existentielles symptomatiques ou insolidaires par trop voyantes, dont la manifestation même invalide le bon ordonnancement, aussi artificiel soit-il. Les soins sans consentements ne sont qu’une face de cet iceberg sociétal, sans doute la plus visiblement absurde tant elle viole toutes les conventions internationales visant au respect de l’intégrité physique à commencer par la fameuse Charte des Droits de l’Homme !

Seule la France pratique la déportation et l’enfermement de malades sans leur consentement sur le sol européen. La réforme de la loi du 5 juillet 2011 a permis de fournir des chiffres concernant les contrôles opérés sur les hospitalisations sans consentement, via les juges des libertés et de la détention, un chiffre ouvert béant sur l’arbitraire de ces pratiques, sur un total d’environ 62 000 procédures de contrôle, environ 3200 mainlevées ont été opérées soit 5,1% du total des contrôles, ce qui représente pas moins de 3200 internements invalidés et jugés illégaux par les magistrats en une année (quand ces derniers ne sont pas saisis trop tardivement ou pas du tout… ) !

L’étiologie des aliénations comportementales ou prétendues telles a été accaparée par une profession dont les critères nosologiques et donc diagnostiques n’ont jamais démontré une quelconque efficacité à proprement parler curative mais bien plutôt et essentiellement une faculté de dissimulation des conditionnements sociaux, économiques, interpersonnels et politiques à l’origine des dites pathologies.

Le concept de maladie psychique est héritier de la médecine des essences du XVIIIème siècle, théorie désormais parfaitement caduque. Une rupture épistémologique a ensuite permis de promouvoir via Bichat, Broussais et autres Laënnec, une approche somatique visant à localiser l’origine organique des troubles, éloignant cette tradition des bases théoriques de son créateur, Phillippe Pinel, qui assimilait tout dérangement psychique à une idée nominale de type essentialiste.

La singularité caractérielle, psychique et comportementale est par principe visée par cette tradition, l’anesthésie et l’éradication de sa manifestation dans le champ social étant l’objectif premier poursuivi via des items régulièrement redéfinis au sein de la Bible des psychiatres qu’est le DSM, le tout au service d’une production toujours plus extensive de molécules assurant la toute-puissance pharmaceutique qui chapeaute en toute opacité le dit monde médical.

Les spécialités pathologiques ne cessent de muter au gré des cultures et des modes intellectuelles, naviguant entre constats de névroses, psychoses, dangerosité ou non dangerosité selon la subjectivité plus qu’approximative d’experts se contredisant les uns les autres lors de procès retentissants. Experts qui malgré le flou doctrinal qu’ils véhiculent régulièrement et les contradictions théoriques qui entachent leur discipline jouent un rôle d’influence non négligeable sur l’issue des jugements, contribuant à faire innocenter ou condamner des citoyens avec une précision chirurgicale de type « doigt mouillé. »

L’idée même d’incurabilité invitant à des « solutions finales » à base de médication jusqu’à la mort pudiquement nommées dans le langage commun « camisoles chimiques », réduisant les cobayes concernés à l’état de légumes apathiques certes inoffensifs pour eux-mêmes comme pour leur environnement puisqu’ils sont affectivement et psychiquement réduits à l’état de morts-vivants.

La dangerosité de toute nosographie psychiatrique consiste à faire taire les sujets pensants et irréductiblement souverains, à les étiqueter, les cloisonner et parfois les éliminer physiquement, soit par l’enfermement soit par les piqures installant une totale dépersonnalisation.

Si Freud considérait le délire comme un processus restitutif de guérison, la psychiatrie inverse la lecture en envisageant le sujet malade comme inapte à statuer de son positionnement et le destitue justement de ses prérogatives, à commencer par sa volonté ou non de se soigner, ce qui est en soi totalement contre-productif en matière de santé mentale. Le pathologisme à géométrie variable appliqué à tous étant sans aucun doute le plus rentable pour l’institution psychiatrique…

Si l’on appliquait de façon drastique la grille de lecture du DSM, pas moins de 50% de la population française relèverait de ce type de soins imposés. Quel juteux marché !

Il ne faut pas s’étonner dans ce cadre de constater la progression permanente de la psychiatrisation et de la « pathologisation » rampante de tout évènement social, du plus saillant au plus insignifiant, des addictions aux films, en passant par les accidents de transports, la météo et ses effets, l’esthétique, le poids, la calvitie, la faim, le sommeil, la sexualité, le chômage, le travail, le sexe, le sport, le rapport aux animaux, les viols, les suicides, les relations interpersonnelles, la justice, enfin tout champ social ou presque semblant du ressort de ces étranges experts et de leurs mallettes pleines de molécules aux effets méconnus à long terme sur l’organisme tant leur renouvellement incessant interdit des évaluations crédibles…

La seule question cruciale qui n’est jamais posée étant de connaître le caractère ou non pathogénique des hôpitaux psychiatriques comme on l’a établi depuis fort longtemps à propos des prisons.

Les contradictions sociales, environnementales, ethniques, économiques, culturelles sont toutes évacuées au profit d’une idéologie réductionniste en quête de failles endogènes. A ce propos, la nouvelle mode est bien la recherche génétique au service de la psychiatrie, en quête des gènes responsables de telle ou telle dérive existentielle, ce qui n’est pas sans rappeler certaines théories des systèmes totalitaires du 20è siècle qui ont usé et abusé de la sphère psychiatrique pour asservir leurs adversaires d‘alors.

Envisager le marasme qui sévit en occident et donc partout puisque les différentes aires culturelles sont converties à ce modèle de décomposition psychologique reviendrait à battre en brèche la nécessité d’installer des murs capitonnés et des chambres d’isolement comme solutions létales aux contingents d’individus touchés par cette anomie organisée.

La sectorisation et l’éclatement faussement décentralisé de ce bras armé étatique qu’est la psychiatrie moderne assurent un maillage complet du territoire, afin de dépister précocement tout sujet susceptible de perturber l’ordre établi. Car ce sont bien les préfets et les maires, donc des agents d’état, qui donnent l’ordre d’enfermer sous le régime de l’hospitalisation d’office les citoyens de ce pays, soit plusieurs dizaines de milliers chaque année, au motif de préserver l’ordre public sans que nul ne soit en mesure d’en donner une définition légalement officielle et précise. Hiérarchie des ordres inquiétante sur un plan démocratique…

L’effondrement des solidarités organiques et l’individualisme triomphant de type marchand permettent hypocritement de déléguer à ces centres d’arrière-monde la mission de se saisir de tous les cas humains atypiques, dans une gigantesques mystification biologisante et privative facilitant l’essor de firmes pharmaceutiques dont on connaît les influences sur le monde politique à son plus haut niveau..l’éthique n’étant pas le souci central de leurs activités ni même le soin mais bien la rentabilité.

Tant que la mise en corrélation des troubles individuels avec les facteurs sociaux et collectifs ne sera pas assumée, la délégation lâche et irresponsable de ces individus au profit d’intérêts privés et financiers demeurera, avec toutes les dérives induites précitées.

L’analyse dichotomique d’un sujet souverain consistant à vouloir l’extraire de son environnement pour éradiquer une hypothétique morbidité en soi ne peut que déboucher sur des échecs permanents fort coûteux, en termes humains. L’expression psychopathologique ne fait que grandir au rythme de l’extension du domaine psychiatrique, corrélation invalidante par elle-même de toute légitimité étatique sur ce dossier.

 

La France, par ces lieux de déportation légaux en plein cœur des grandes villes, est une anomalie sur le continent européen en la matière, aucun de ses voisins ne s’empare ainsi de ses citoyens jugés malades sans leur assentiment, il faut l’écrire, le dire et le redire. Cet état de fait discrédite grandement toute leçon de morale que voudrait instiller ce pays dans le domaine des Droits de l’Homme à qui que ce soit.marchand 001

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